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Atomique et nucléaire

Les autorités russes l’ont reconnu : l’accident survenu il y a quelques jours sur la base de Nionoska dans le nord du pays a un caractère nucléaire. Ce qui évidemment inquiète ! Le mot fait frissonner. Mais on parle d’un accident nucléaire et non pas atomique !

En fait les deux mots, atomique et nucléaire, ont des échos différents alors même qu’ils auraient pu être employés l’un pour l’autre, et qu’a priori ils correspondent à la même signification. Mais ils ne sont associés ni à la même histoire ni à la même période.

Atomique est beaucoup plus ancien : on le trouve en français dès le 16e siècle. Et c’est au départ un mot de philosophie et de chimie : dès l’Antiquité, des penseurs ont imaginé l’existence d’un élément minuscule, capable de se combiner avec d’autres. Le plus petit élément possible, celui qu’on ne peut pas couper, l’indivisible : c’est le sens de départ du mot atome qu’on trouve sous sa forme grecque chez Démocrite et Épicure par exemple, puis, latinisé chez Lucrèce, dans son grand poème sur la Nature des Choses. L’adjectif atomique vient donc désigner ce qui s’y rapporte. Au 20e siècle ce mot se spécialise : il désigne ce qui a un rapport avec le noyau de l’atome et les techniques de sa désintégration. Hélas les premières applications qu’on retiendra sont guerrières et tragiques : on se souvient que c’est d’abord la bombe qui est atomique. Mais après les premières utilisations militaires, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, on a plutôt tendance à nier l’horreur ! On est dans une période d’inconscience relative et aussi de croyance en la science et en l’avancée technologique. L’expression bombe atomique fonctionne bien souvent comme un superlatif de bombe. Et une bombe, de façon très imagée, ce peut être une jolie fille (vue d’un point de vue masculin, et plus encore d’un point de vue macho !) ou une nouvelle étonnante, explosive, ou encore un personnage qui dégage une énergie hors du commun. En 1958, le chef d’orchestre de jazz Count Basie enregistre un disque qui sort sous le titre The Atomic Mr Basie. L’illustration de couverture est terrifiante de naïveté et montre un champignon incandescent fièrement déployé.

Un peu plus tard, les techniques des énergies liées à la fission de l’atome se déplacent du militaire vers le civil. On réfléchit, on s’inquiète, la méfiance s’installe. Et on voit bien alors que l’adjectif atomique est trop chargé de puissance destructrice pour passer facilement. On glisse donc d’un qualificatif à l’autre, et on parle de nucléaire, construit sur la racine latine nucleus qui signifie noyau : il s’agit toujours de la maîtrise du noyau de l’atome. L’adoption du mot ne pose d’ailleurs pas de problème : qu’on veuille discréditer cette nouvelle forme d’énergie ou qu’on en fasse la promotion, tout le monde est d’accord sur ce terme qui ne fonctionne donc pas comme un euphémisme, comme un cache : on scandera Nucléaire non merci ! l’un des slogans des campagnes des années 70 contre la banalisation de cette énergie. Mais en même temps on parlera de l’énergie nucléaire, des centrales nucléaires sans que le mot soit péjoratif. Il fait même office de nom : le nucléaire, c’est-à-dire tout un système qui s’ordonne autour d’une certaine production. C’est ainsi qu’on se pose aujourd’hui le problème de sortir du nucléaire, c’est-à-dire abandonner ce type de fabrication et de consommation énergétique.

En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues de France (DGLFLF)


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