Moi, Napoléon – #4 Empereur

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D'Ajaccio à Waterloo, de son sacre à son exil à Saint-Hélène, le plus célèbre des empereurs français se raconte. Une série audio librement adaptée du roman graphique « Moi, Napoléon », édité par Unique Héritage Éditions, à retrouver dès le 7 avril 2021 dans toutes les bonnes librairies.

Qu'est-ce qui destine un homme à devenir empereur? Je ne suis pas empereur, je le suis devenu.

Etais-je pourtant prédestiné à le devenir? Est-ce ma seule volonté? Ma seule ardeur? Mon seul talent? Les forces de l'univers ont-elles concouru à cet aboutissement? Est-ce la providence que j'appelle ma bonne étoile? Ces questions m'assaillent, et m'écrasent d'émotions, d'ivresse et de vertiges.

Il s'agit de mon destin et de celui d'un pays, la France, le centre du monde.

En cette froide journée du 2 décembre 2004, c'est le jour de mon sacre, et je peine à le concevoir tant l'instant est exceptionnel, presque irréel. J'avance apalant, le visage crispé. Je traverse la neige grandiose de Notre-Dame décorée comme un temple grec, se presse un parterre scintillant composé de tout ce que la France compte de sommité. Taleron, en costume de grand chambellan.

Fouchet, Cambasséresse, Murat, le peindre David qui est chargé d'immortaliser l'événement. La tête sainte d'une couronne de laurier en or, tel un empereur romain, drapé d'étoffe et de panache, sous le poids de mon énorme manteau d'ermine et celui de mille regards. J'avance vers le trône, ce fauteuil souverain dont le socle repose sur le large plébiscite des Français.

Les mois se lient sur mon visage, et sur celui de Joséphine, les mains jointes dans une position pieuse. Je me saisis de la couronne. Nous voilà tous les deux sacrés par mes soins. Je veux montrer que ce pouvoir, je ne le tiens de nul autre que moi-même. Venu spécialement de Rome, le pape Pi VII donne sa bénédiction, avant tout politique, mais qu'importe. La crosse s'allie ainsi à mon sceptre surmonté d'une aigle éployée. Par ce symbole, je me réclame de Charlemagne et de l'empire romain. Par l'abeille, je revendique l'héritage des mérovingiens, et par la main de justice, celui de Saint-Louis. Je jure de gouverner dans la seule vue de l'intérêt du bonheur et de la gloire du peuple français. On crie alors « Vive l'empereur! » Une salve de 101 coups de canon rythme l'acclameur de la foule, massé sur le paris de la cathédrale. « Me voici, empereur, moi, Buonaparte! Je deviens Napoléon, Napoléon Ier, empereur des Français. Je suis enfin au sommet! Je suis le maître absolu! » L'armée campe à Boulogne-sur-Mer, prête à envahir l'Angleterre, plus perfide que jamais depuis quelques mois. Peut-on sérieusement faire la paix avec cet ennemi héréditaire? Après celle d'Alexandre en Égypte, je rêve maintenant de marcher dans les traces de Guillaume le Conquérant, bien qu'une bataille d'Astings ne me serait point nécessaire. Quatre jours me suffiraient pour me trouver dans Londres, ou s'y entrerai-je non pas en conquérant, mais en libérateur. Je suis alors convaincu que le peuple anglais ne rechignerait pas à ce que je le débarrasse de sa vilaine oligarchie au mot irrésistible d'égalité et de liberté.

Les hommes du génie s'échinent à creuser de nouveaux bassins pour permettre au port de recevoir les deux mille bâtiments de la flottille qui doit nous faire traverser. Comme Jules César jadis, je songe même à creuser un tunnel. Un tunnel sous la Manche. Impossible, mais pas français.

Pendant ce temps-là, il faut occuper le reste de l'armée par de nombreux exercices, des manœuvres et des passages en roulant. C'est d'ailleurs au camp de Boulogne que je dessin les premières médailles de la Légion d'Honneur. C'est une cérémonie grandiose.

Des larmes coulent sur les trognes de mes plus rudes grognards. J'ignore si cet ordre me survivra, ni au plastron de quel j'en foutre on l'épinglera plus tard, qu'importe. Mais soldats me rendent bien cet honneur en entamant la construction d'une imposante colonne en marbre pour marquer l'emplacement exact de mon trône lors de la cérémonie. Ils désirent ériger à son sommet une statue de le Rampereur face à la mer pour que l'Angleterre n'oublie jamais que je garderai toujours un œil sur elle. Le maréchal Soult me confie que les hommes la financent volontiers sur leur propre solde. Quelle dévotion. Comment peut-on me traiter de tyran après ça? Il faut d'abord rassembler la flotte et fausser compagnie à la Royal Navy pour couvrir notre traversée, condition sine qua non. L'Angleterre règne sur les mers et les océans. Aussi doit-on la prendre de vitesse et recourir à la ruse. Que n'ai-je mille sur couf pour s'aborder sa puissance?

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