瑞士达沃斯世界经济论坛的演讲(2)

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Parce que, mes amis, je veux ici toutefois vous faire un aveu, si je souhaite que la France trouve pleinement sa place dans la compétition mondiale et si je pense que la condition, c'est que l'Europe, justement, soit plus forte et réussisse à trouver une nouvelle ambition, ça n'est pas une finalité en soi. La croissance économique, ça n'est pas une finalité en soi et on s'est, je pense, souvent trompé, parfois encore récemment, dans les discours qu'on tenait en disant : vous allez voir, tous nos sujets vont s'arranger, parce qu'on va avoir de la croissance.

Nous, on peut avoir un ou deux points de croissance en plus, c'est notre bataille, mais ça ne règle pas tous les sujets et la croissance économique, ça n'est pas une fin, ça reste un moyen. Et j'irais même plus loin, cette recherche de croissance économique nous a parfois fait oublier ce que les peuples sont prêts à accepter pour l'obtenir. La crise de la mondialisation qu'on est en train de vivre aujourd'hui, elle est liée à ça. Le monde, il est fragmenté par une série de phénomènes économiques, géopolitiques nouveaux et qu'on pouvait pour certains anticiper, qui sont liés à ce divorce.

D'abord, on a pensé ou on a fait croire que la croissance, ça concernait tout le monde, on disait : plus on aura de croissance, tous les problèmes vont s'arranger dans les pays émergents, les pays intermédiaires ou les économies développées. Ça n'est pas vrai parce que cette croissance, elle est structurellement de moins en moins juste. Toutes les revues internationales le montrent, que ça soit des institutions multinationales, des ONG, il y a une concentration sur les 1 % les plus riches qui se fait à chaque fois. C'est lié à quoi ? La financiarisation de cette mondialisation qui a favorisé un effet de concentration et les nouvelles technologies, cette économie de l'innovation et de la compétence que j'évoquais, parce que c'est une économie de super stars. Elle favorise les gens très talentueux et elle se concentre chez les gens les plus talentueux.

La réponse, on ne peut pas l'apporter dans chaque pays avec un système de taxes, sauf à être très coordonnés entre nous tous parce que sinon les talents s'en vont. Je peux vous dire, on a très bien testé cette méthode. Elle ne marche pas en non-coopératif et en non-coordonné ! Ça, ce n'est pas une bonne idée. Par contre, ne pas avoir de réponse du tout, ce n'est pas une bonne idée sur ce sujet. Ensuite, on nous dit : on est dans un monde formidable, les distances se raccourcissent, on est dans un monde tout s'accélère, mais dans nos sociétés, tout se refracture.

On a des sociétés faites aujourd'hui de nomades qui bénéficient formidablement de la mondialisation et dont la vie, le quotidien, le destin est plus proche de gens qui sont à Bombay, à San Francisco que de leurs voisins de palier. Ça crée un vrai risque dans la démocratie parce que ça désaligne les intérêts, les sujets et ce qui fait le consensus démocratique et c'est devant nous. Et nous, on réfléchit ici de ces enjeux mais à quelques dizaines de kilomètres d'ici, on a des gens qui croient fermement que la solution, c'est la sortie de la globalisation et on a de plus en plus de gens qui sont convaincus que c'est la bonne option.

Alors, une fois que j'ai dit ça, ça veut dire que nous avons un défi qui n'est pas mince. Ce défi, ce n'est pas celui que des gouvernements. D'abord, les gouvernements, les États, depuis quelques années, je pense, vont dans le mauvais sens face à ces défis. Il y a les défis démocratiques que j'évoque. Beaucoup de gouvernements sont tentés de répondre par une approche nationaliste : vous avez raison, tout ça ne va pas, on referme les frontières. Ensuite, les défis qui font peurles grandes migrations, le terrorisme, les grands changements technologiques –, ce sont des défis qui imposent une coordination internationale. Je l'évoquais au moins pour l'Europe mais plus large encore que l'Europe, si nous ne sommes pas en situation de coopérer, on ne saura pas les régler et on cherchera toujours à avoir nos avantages comparatifs. Et la recherche de l'avantage comparatif fait qu'on est toujours tiré vers le bas. C'est la course vers le point le plus bas sur tous ces sujets.

Et donc, cette course non coopérative nous empêche au fond de répondre à ces peurs et à ce qui tient nos nations ensemble. Et les États ont été dans le mauvais sens parce qu'on a plutôt fragilisé le multilatéralisme face à tout cela ces derniers temps. Et qu'il s'agisse de l'ONU, du FMI, de l'OMC, on a eu de plus en plus de gens qui ont attaqué ces institutions en disant : « Nous, on reprend en quelque sorte nos droits, on a notre propre approche, on crée des systèmes alternatifs. » Ne nous trompons pas, toutes ces structures sont nées de ce que le professeur vient de rappeler, cette période de l'Histoire on a vu ce à quoi conduisait l'approche non coopérative entre les gouvernements lorsqu'il y avait des grandes peurs séculaires. Et depuis quelques années, nous avons été sur ce sujet dans le mauvais sens.

Nous avons été aussi, quand on regarde le droit social, le fiscal, tous les sujets qui, en quelque sorte, fondaient le cœur d'un État, dans un sens très non coopératif et dans un affaiblissement continu. J'expliquais il y a un instant ce que je fais pour la France. La France avait, était en quelque sorte très décalée par rapport au reste de l'Europe, elle était très au-dessus sur tous ces sujets de la moyenne européenne. Mais quand je regarde la dynamique actuelle dans le monde, on a une dynamique qui, sur les sujets fiscaux ou les sujets sociaux, est en train de continuer à expliquer aux gens : les amis, la bonne réponse, c'est d'en faire toujours moins ! La meilleure réponse, c'est de baisser nos impôts ! Il n'y a pas de limite ! Race to the bottom !

Sur le social, c'est pareil. Si nous ne définissons pas un standard de coopération internationale, jamais on n'arrivera à convaincre les classes moyennes, les classes laborieuses, que la mondialisation est bonne pour elles ! Ce n'est pas vrai ! Ce n'est pas vrai ! Sur le commerce, nous revenons vers, aussi, des stratégies qui sont non coopératives, vers plus de protectionnisme, vers la fragmentation de ce que l'OMC a fait, la menace de certains accords régionaux qui était très structurante et on détricote ce que la mondialisation avait pu mettre en place. Et sur le climat, beaucoup étaient avec moi le 12 décembre dernier à Paris, nous ne sommes pas à la hauteur de ce à quoi nous nous sommes nous-mêmes engagés, c'est-à-dire on est en train de perdre la bataille. 2020, ce n'est pas un rendez-vous pour une nouvelle conférence. Si on n'a pas délivré des actions concrètes, il ne faudra pas expliquer aux gens qu'ils sont de plus en plus vulnérables, on aura tout fait en pleine conscience pour le faire !

Donc, sur tous ces sujets, qui sont des sujets, je dirais qu'on connaît bien et sur lesquels on a su s'organiser, on a désagrégé l'organisation internationale, on l'a affaiblie. Et à ça, s'ajoutent des nouveaux sujets que nous n'avions pas vus : l'urbanisation accélérée, les grandes migrations et le changement technologique que vous avez parfaitement explicité. Et chacun est porteur de nouvelles inégalités, de nouveaux changements qui font très peur aux gens et qu'on ne pense aussi trop souvent que de manière non coopérative. On n'a pas mis en place l'organisation mondiale qui nous permet de penser toutes les conséquences de ces changements technologiques, de l'intelligence artificielle, par exemple, ou du big data. On a une stratégie aujourd'hui mondiale totalement non coopérative sur ces sujets !

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