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Dénigrer

Boris Johnson en prend pour son grade entend-on sur RFI, à propos des Mémoires de David Cameron. En effet cet ancien Premier ministre britannique revient sur sa vie politique, sa carrière, les gens qu’il a côtoyés, et l’actuel dirigeant n’est pas épargné par son prédécesseur qui visiblement ne l’aime pas, en dit du mal et sape sa réputation. Il en prend donc pour son grade, expression pittoresque et plutôt amusante, qui veut dire que quelqu’un s’est fait sérieusement, vertement dit-on aussi réprimander. C’est un sens un peu voisin qu’on peut donner au verbe dénigrer, même s’il n’a aucun caractère familier. Dénigrer c’est donc dire du mal de quelqu’un, mais avec l’intention de nuire à sa réputation. S’agit-il pour autant de mentir, d’inventer ? Pas forcément : le mot ne dit rien du bien-fondé ou pas de ce qui est impliqué. Mais le désir de ternir le nom de quelqu’un est bien affirmé. Et l’image de ce verbe ternir se retrouve dans l’origine de dénigrer. Il s’apparente à l’adjectif niger, qui signifie noir en latin. Et la couleur très tôt s’est accompagnée d’une symbolique négative ; on oppose le brillant, le clair, au foncé, au noir. Ternir c’est ôter le brillant. Noircir, c’est facilement déshonorer, discréditer quelqu’un. Et l’action s’attache facilement à une réputation qu’on salit. L’idée de la moquerie ou du sarcasme n’est pas loin, mais elle n’est pas toujours présente : on peut dénigrer sans humour et sans ironie. Mais si l’on dénigre, on rabaisse : on peut par exemple amoindrir la renommée de quelqu’un si on la trouve injustifiée, exagérément gonflée.

S’agit-il de diffamer ? Pas exactement non plus : s’il y a diffamation c’est qu’on a dit des choses qui n’étaient pas vraies pour rabaisser une réputation, ce qui n’est pas systématiquement attaché à cette notion de dénigrement. Médit-on ? S’agit-il de médisance ? On en est plus proche, encore que là il y ait toujours une différence : on médit quand on dit du mal de quelqu’un, quand on fait courir sur son compte des bruits déplaisants. Bien sûr ça aura des répercussions sur sa réputation, mais indirectement : ce n’est pas la renommée elle-même qui est visée.

Quant à la calomnie, c’est encore autre chose : non seulement l’intention de nuire est avérée, mais elle s’adosse sur de l’invention : on accuse faussement pour nuire.

Calomnie est un bien vieux mot, qui déjà en latin (calomnia) appartenait au vocabulaire juridique. Il s’agissait d’accusations fausses, mais officielles, prononcées devant un tribunal. Et l’on sait combien les Romains étaient chicaneurs et procéduriers : toute l’éloquence latine dérive du prétoire ! Puis le mot a évolué, pour ne plus désigner que des paroles, qu’elles soient publiques ou privées. C’est le sens qu’il a aujourd’hui, mais ces imputations mensongères, si elles ont un écho public, si elles sont publiées dans la presse ou prononcées devant autrui, tombent sous le coup de la loi.

En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues de France (DGLFLF)


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