Bonjour, Juliette, excusez-moi.
Bonjour, M. le maire, entrez. Gustave est là-haut, son atelier est dans le grenier. Ça, il a besoin de beaucoup de place.
Bonjour, M. Courbet. Vous voulez donc nous peindre ? Une scène d'enterrement, paraît-il ? Drôle d'idée, votre affaire.
Bonjour, M. le maire. Entrez donc. Mettez-vous à l'aise.
Gustave, M. le curé est passé. Il demande si tu as besoin d'autres membres de la paroisse pour ton tableau.
Je peux pas prendre tout le monde. J'ai déjà les enfants de chœur, les bedeaux, le maire, le juge de paix, le porte-croix, le notaire, le fossoyeur, les porteurs du cercueil, des dames du village et ma famille. Ça suffit comme ça.
A la fin de l'été 1849, le peintre Gustave Courbet entreprend son premier tableau monumental, long de 6 mètres sur 3 mètres de haut. Il y déploie une quarantaine de personnages.
Sur ce format, normalement réservé à une scène historique, il choisit de montrer une scène tristement quotidienne, dans un cimetière. Et au lieu de dignitaires, ce sont de simples habitants d'Ornans, sa ville natale en Franche-Comté, réunis autour du convoi funéraire.
Le rouge des tenues que portent les bedeaux, comme le blanc des vêtements, du drap mortuaire sur le cercueil ou des mouchoirs, éclairent une tonalité sombre avec des noirs très soutenus.
Ces éclats de couleur attirent le regard, qui passe de personnage en personnage pour s'arrêter sur le trou béant de la fosse.