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Fureur

Le feu et la fureur fait du bruit. On le sait c'est le titre de ce livre dont de larges extraits sont déjà parus dans la presse et qui dresse un portrait terrible de la vie à la Maison-Blanche depuis l'élection de Donald Trump, de l'ambiance qui règne dans ce lieu de pouvoir, des luttes de clans, des intrigues, avec des portraits peu flatteurs d'un certain nombre de personnages, en premier lieu le président lui-même. Et le titre même du livre, le feu et la fureur, donne le ton : on voit tout de suite que ce palais semble traversé par des énergies mal maîtrisées, des humeurs, des caprices, des colères. On est bien éloigné d'une réflexion politique, d'un cheminement maîtrisé. Mais si ce titre est bien choisi, c'est aussi parce qu'il parle aux Américains, et en général aux anglophones.

Cette formule est en effet un démarquage du titre d'un roman très célèbre de William Faulkner, l'un des plus grands romanciers américains : le bruit et la fureur, paru il y a longtemps déjà, en 1929. Et ce titre de Faulkner est lui-même une référence : il reprend une expression qu'on trouve dans une pièce plus célèbre encore, Macbeth de Shakespeare. Il y est question de la vie humaine, montrée comme une farce sans direction, sans intention : La vie est une fable, racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien. Dans ce pays chrétien qu'était l'Angleterre shakespearienne, il n'y avait guère qu'au théâtre qu'on pouvait se permettre une réflexion si proche de l'athéisme et de l'absurde !

Alors on entend tout ce passé derrière le titre du livre de Michael Wolff. Évoquer le feu, c'est déjà violent, mais la fureur ne l'est pas moins. La fureur, c'est-à-dire un état d'esprit qui balance entre la colère et la folie. Il s'agit d'une colère folle, sans mesure, qui vous emmène presque au-delà de l'humain. Bien sûr le mot est de la même famille que furieux, mais cet adjectif, très courant, a perdu un peu de sa force première. Alors que si l'on parle de fureur, on garde cette intensité : le mot évoque une perte de raison, qui débouche sur de la violence.

Et cette fureur était le propre des Furies. Le mot existe en français moderne, pour désigner en général une femme saisie d'une colère terrible. Mais le mot renvoie aussi à des personnages de la mythologie : divinités infernales qui sont chargées de punir après leur mort les humains coupables des crimes les plus affreux. Alecto, Mégère et Tisiphone : rien que leur nom faisait trembler, même si la langue française a essentiellement retenu celui de Mégère, dont l'emploi est quand même bien affaibli par rapport à la signification d'origine.

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