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Boule de suif(1)

莫泊桑小说的代表作。写普法战争时,法国的一群贵族、政客、商人、修女等高贵者,和一个叫作羊脂球的妓女,同乘一辆马车逃离普军占区,在一关卡受阻。普鲁士军官要求同羊脂球过夜,遭到羊脂球拒绝,高贵者们也深表气愤。但马车被扣留后,高贵者们竟施展各种伎俩迫使羊脂球就范,而羊脂球最终得到的却是高贵者们的轻蔑。


Boule de suif

Guy de Maupassant

Pendant plusieurs jours de suite des lambeaux d'armée en déroute avaient traversé la ville. Ce n'était point de la troupe, mais des hordes débandées. Les hommes avaient la barbe longue et sale, des uniformes en guenilles, et ils avançaient d'une allure molle, sans drapeau, sans régiment.

Tous semblaient accablés, éreintés, incapables d'une pensée ou d'une résolution, marchant seulement par habitude, et tombant de fatigue sitôt qu'ils s'arrêtaient.

On voyait surtout des mobilisés, gens pacifiques, rentiers tranquilles, pliant sous le poids du fusil ; des petits moblots alertes, faciles à l'épouvante et prompts à l'enthousiasme, prêts à l'attaque comme à la fuite ; puis, au milieu d'eux, quelques culottes rouges, débris d'une division moulue dans une grande bataille ; des artilleurs sombres alignés avec ces fantassins divers ; et, parfois, le casque brillant d'un dragon au pied pesant qui suivait avec peine la marche plus légère des lignards.

Des légions de francstireurs aux appellations héroïques : " les Vengeurs de la défaite les Citoyens de la tombe les Partageurs de la mort" passaient à leur tour, avec des airs de bandits.

Leurs chefs, anciens commerçants en drap ou en graines, exmarchands de suif ou de savon, nommés officiers pour leurs écus ou la longueur de leurs moustaches, couverts d'armes, de flanelle et de galons, parlaient d'une voix retentissante, discutaient plans de campagne , et prétendaient soutenir seuls la France agonisante sur leurs épaules de fanfarons ; mais ils redoutaient parfois leurs propres soldats, gens de sac et de corde, souvent braves à outrance, pillards et débauchés.

Les Prussiens allaient entrer dans Rouen, disaiton.

La Garde nationale qui, depuis deux mois, faisait des reconnaissances très prudentes dans les bois voisins, fusillant parfois ses propres sentinelles, et se préparant au combat quand un petit lapin remuait sous des broussailles, était rentrée dans ses foyers. Ses armes, ses uniformes, tout son attirail meurtrier, dont elle épouvantait naguère les bornes des routes nationales à trois lieues à la ronde, avaient subitement disparu.

Les derniers soldats français venaient enfin de traverser la Seine pour gagner PontAudemer par SaintSever et BourgAchard ; et, marchant après tous, le général désespéré, ne pouvant rien tenter avec ces loques disparates, éperdu luimême dans la grande débâcle d'un peuple habitué à vaincre et désastreusement battu malgré sa bravoure légendaire, s'en allait à pied, entre deux officiers d'ordonnance.

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