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Princier

Vague d'arrestations princières en Arabie saoudite. Un titre de RFI dont le sens est très clair : on a arrêté des princes, des personnages importants, qui appartiennent aux grandes familles du pays. Cet adjectif est tout à fait compréhensible dans ce sens, mais il est rare qu'il soit utilisé avec ce sens très neutre : d'ordinaire, le mot porte une intention différente, liée à la richesse, au faste, et souvent à une certaine élégance. On parle souvent par exemple des mariages princiers : mariage de prince et de princesse évidemment, mais on a une dimension différente quand on utilise cette expression : il y a la dimension du rêve, du roman, du fantasme : épouser un prince, c'est le rêve de Cendrillon ou de Blanche-Neige, de celle qui murmure « Un jour mon Prince viendra… » ; on est donc dans l'évocation du prince charmant. Et cette formule désigne bien l'amoureux idéal et fonde en une même identité toutes les qualités de la personne et de la naissance. Lorsqu'on parle de prince charmant, on se réfère en général à quelqu'un qui n'existe pas hors du rêve. C'est bien pour ça qu'on l'envisage souvent de manière ironique : « Elle attend encore son prince charmant… » C'est-à-dire, elle n'a pas trouvé l'homme qui lui fallait. Et on sous-entend qu'elle est peut-être un peu difficile, un peu trop regardante, qu'à force de vouloir la perfection, elle restera seule. Encore un indice d'une certaine inégalité de traitement des hommes et des femmes.

S'il représente souvent l'incarnation du beau jeune homme (alors que le roi peut avoir une silhouette plus âgée), le prince échappe également à cette image juvénile et amoureuse pour représenter le pouvoir : un prince n'est pas seulement un fils de roi ou de reine. C'est aussi un titre nobiliaire, le plus élevé habituellement dans les hiérarchies monarchiques (le roi mis à part bien sûr), qui est donc lié au pouvoir. Et fréquemment au pouvoir discrétionnaire, absolu, capricieux : on parle par exemple du fait du prince pour qualifier une décision qui ne peut être remise en question et qui n'a pas à se justifier. Comme si un prince pouvait tout se permettre jusqu'à la provocation. Et de même, quand on dit, « ce sont jeux de prince » avec cette phrase à l'ancienne, qui sent son vieux français, on déplore les retombées néfastes de telle ou telle décision, comme si elle avait été prise de façon inconsidérée, inconséquente, sans qu'on se soucie de ses retombées sur le peuple, sur les obscurs et les sans-grade. Et si l'on mentionne « les princes qui nous gouvernent » , c'est une façon plaisante de parler de ceux qui ont le pouvoir, encore pour souligner qu'ils sont inaccessibles au commun des mortels, et que toute concertation avec eux est inenvisageable.

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