Comment je peux pardonner à quelqu'un qui m'a trahi, un ami qui m'a trahi, un compagnon, une compagne qui m'a trahi ?
Comment je peux pardonner à quelqu'un qui a pris la voiture en ayant pris des stupéfiants, qui crée un accident ?
Et comment alors on fait pour pouvoir pardonner sans altérer la radicalité du mal ?
On n'a jamais autant parlé de pardon et paradoxalement, on n'a jamais autant été dans l'incapacité de pardonner.
Ce qui est intéressant en fait dans l'acte de pardonner, c'est qu'on va essayer de dire à l'autre « je ne te réduis pas à l'erreur que tu as commise, je ne te réduis pas à l'acte mauvais que tu as fait ou qui me semble mauvais, mais je décide de penser que tu es capable de mille autres actes. »
On est là dans une démarche où on dit à l'autre « je te rends ton humanité et j'essaye de voir avec toi comment une vie ensemble va être possible malgré ce que tu as fait. »
Et aussi, je décide de voir l'humanité en moi, c'est-à-dire aussi ma propre faillibilité.
Il y a ce temps-là aussi de… ce double mouvement en fait qui est à la fois altruiste, puisqu'on dit à l'autre « je ne te réduis pas à l'acte mauvais que tu as fait », mais aussi égoïste parce que parfois on peut vouloir pardonner pour cesser d'éprouver aussi des émotions négatives.
Et est-ce que les réseaux sociaux rendent cette solution, cette possibilité, plus facile ou plus difficile ?
C'est ambivalent, c'est-à-dire qu'à la fois, je pense que c'est une formidable fenêtre de discussion, et en même temps, sur les réseaux sociaux, on s'aperçoit qu'il y a énormément de déferlantes de haine, parfois, et que la personne qui est victime de ça va être dans l'incapacité d'être pardonnée.