On en fait trop sur la Covid. Aux premiers jours du second confinement, cette idée reçue a la vie belle. Et pour cause, voilà plusieurs jours que les opposants aux mesures sanitaires
partagent un tableau, des chiffres mensuels de la mortalité en France de 2017 à 2020 issus des statistiques de l’Insee. Ces chiffres montreraient une légère surmortalité en
mars et avril mais des données globalement stables le reste du temps. De quoi en conclure qu’on en fait décidément trop avec la Covid ? Malheureusement, non.
Pour réaliser leur tableau, les internautes se sont appuyés sur les fichiers nominatifs mensuels des décès. Mais ceux-ci ne permettent pas du tout d’analyser la surmortalité,
puisqu’ils ne recensent pas les décès survenus sur un mois en France, mais les décès enregistrés pendant le mois en question. En septembre, peuvent donc figurer des décès
survenus en juillet ou en août mais enregistrés tardivement. On retrouve aussi dans ces fichiers les Français décédés à l’étranger, ce qui n’a pas grand sens pour analyser
la surmortalité liée à une épidémie en France. Pour avoir les données exhaustives permettant d’observer une surmortalité, l’Insee
renvoie plutôt vers les données démographiques, ou encore vers une page mise en place au début de l’épidémie et recensant les décès quotidiens depuis le mois de mars. Celle-ci
est mise à jour toutes les semaines. On y comptabilise les décès survenus un jour X et non ceux qui ont été enregistrés ce jour-là. Résultat, on dénombre 30 000 décès
supplémentaires de mars à octobre, par rapport à la même période des années précédentes. En s’appuyant sur les bonnes données, le pic de mortalité est indéniable. CQFD.